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Nemuri Kyoshiro 4: Joyoken

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les avis de Cinemasie

1 critiques: 3.5/5

vos avis

5 critiques: 3.6/5

visiteurnote
shaman 4
Sauzer 3.5
hkyume 3.25
bruce randylan 3.25
Bastian Meiresonne 4


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La vierge des tueurs

IKEHIRO Kazuo , le réalisateur de ce quatrième épisode des sombres aventures de Nemuri, donne finalement les lettres de noblesse à la série en revenant sur les origines du héros dans un climat de relative noirceur. Seul le côté "exploitation" – typique de son époque – amenuise quelque peu le contexte autrement plus grave. Le quatrième volet des aventures de l'insatiable rônin justicier perpétue la tradition des scénarios fortement politisés, mais – surtout – apportent tout l'éclairage nécessaire quant à ses origines. Sans dévoiler toute la "subtilité" du mystère dévoilé, Kyoshiro est né d'un père hollandais. Ce fait avéré place le personnage sous une lumière toute nouvelle. D'un esprit plutôt "conservateur" en voulant pourfendre tout pêché commis, il était déjà d'une approche plutôt moderniste en allant à l'encontre des principes. Ainsi, il se déclare lui-même "rônin", donc sans maître, ni lois à l'inverse des derniers samouraïs de l'époque. L'action de l'intrigue (1848) se place à la fin de la période de l'influent du shogunat. Bientôt le pays va basculer dans une ère nouvelle de modernité qui se traduit notamment par l'ouverture des frontières et la tolérance envers des étrangers jusque-là interdit de séjour au Pays du Soleil Levant. Or, Nemuri est déjà issu de l'amour défendu d'un hollandais avec une japonaise; son sang est mêlé et il représente un mélange d'un passé (la tradition) et de l'avenir (progrès et modernité). Ses origines expliquent donc également son étrange physique. Son air androgyne ses cheveux roux – inhabituels pour un japonais – lui assurant tant de succès auprès des femmes. Représentatif de son époque, les scénaristes ancrent donc le personnage dans une certaine représentation historique. En enquêtant sur le mystérieux trafic de femmes, Kyoshiro s'en prend – indirectement – aux hautes instances du shogunat; tel le combat des modernistes quelques années plus tard pour faire tomber le règne des instances et contribuer à l'avènement d'une ère nouvelle. Une grande importance est également accordée au difficile problème de la religion : la sombre introduction voit la persécution des chrétiens ou leur reconversion forcée au bouddhisme. Un délicat sujet interculturel très rarement abordé au cinéma japonais et renvoyant directement aux combats d'intérêt d'hommes influent au seul nom de la religion. Au cours de l'intrigue de nombreuses références renvoient directement à ses dogmes et Nemuri lui-même sera comparé à un moment à Jésus en personne, marquant – avant même la révélation quant à ses origines – sa différence par rapport à ses prochains. Sa propre philosophie est pourtant bien loin de toute religion, au contraire il n'a pu devenir la personne qu'il est en faisant fi de toute croyance et conviction personnelle. Surprenant pour une production populaire de l'époque, la série des Nemuri Kyoshiro se détache du lot des autres séries de même acabit par le sérieux du propos, voire même la noirceur de ton. Soulevant de réels sujets d'une époque révolue (nationalisme exacerbé interdisant toute entrée aux étrangers; problèmes des religions), comme présente (mécontentement des "envahissants occupants" américains dans l'après-guerre), les scénarios regorgent de métaphores intéressantes. En revanche, certaines scènes frisent le pur produit d'exploitation tout entier destiné au seul public masculin par ses nombreux combats à coups de larges geysers de sang, ainsi que les scènes érotiques simulées. Nemuri accumule d'ailleurs les romances – sans jamais trouver un réel repos face aux mantes religieuses qu'il rencontre. Une nouvelle fois, il résiste au désir et à la luxure, notamment dans une scène cruciale où une femme aimerait lui faire don de son corps ET de ses bijoux. Il répond par une simple joute de son épée…pour mettre fin aux jours de la soupirante. En simple employé des studios commanditaires, le réalisateur artisan Kazuo IKEHIRO s'efface intelligemment derrière les besoins d'une mise en scène formatée pour les besoins de la série, non sans illustrer brillamment le très bon scénario offert par les auteurs. Outre les épisodes 9 et 12 de cette même série, il collaborera également aux populaires Shinobi no mono avec – toujours pour vedette – l'acteur Raizo ICHIKAWA et quelques Zatoichi. Très bon quatrième épisode de la longue série des Nemuri KYOSHIRO, cet opus a la particularité d’apporter une véritable rupture de ton dans la série. Plus sombre, plus dense et au fort contexte politique sous-jacent, le volet se situe dans la droite lignée des productions plus matures de la période. Critique auparavant publiée sur EIGA GO GO !!

07 juin 2006
par Bastian Meiresonne


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